Le jardin de la félicité

En 1690, Madame d’Aulnoy publie le premier conte merveilleux en français, «L’Île de la Félicité». Ce récit raconte l’histoire du prince Adolphe, parti à la recherche d’une île légendaire censée offrir le bonheur éternel. C’est cette quête que raconte notre jardin. Le visiteur est invité à traverser des paysages arides, de sable et de roches, où les plantes – qu’il remarque à peine – ont pourtant su puiser force et beauté dans une nature a priori peu fertile. Quand, tout à coup, se profile l’îlot tant espéré. Dissimulé par un jeu de rideaux flottants au vent, tel un sanctuaire, il abrite une végétation luxuriante où croissent céréales, fruits et légumes, tandis qu’une rivière enchantée s’écoule paisiblement. Promesse de félicité, l’île merveilleuse s’offre enfin au voyageur fatigué. Mais ce jardin d’Eden saura-t-il finalement contenter le jeune prince ? Au terme de son voyage initiatique, Adolphe réalise que son idéal d’un paradis immuable n’était qu’une illusion. Le bonheur ne se trouve pas nécessairement dans une nature sélectionnée, organisée, domptée, forcée. Il n’est surtout pas nécessaire de crouler sous les fruits que la vie peut offrir pour être heureux. Composition métaphorique, «Le jardin de la Félicité» invite le visiteur à apprécier, lui aussi, des paradis moins spectaculaires, mais plus accessibles et plus savoureux quand ils se découvrent à travers l’épreuve. Il invite à porter un regard différent sur ce qui nous entoure, à voir la richesse dans la sobriété et la résilience, mais aussi tout simplement à profiter du chemin. Car les herbes folles croisées au détour du voyage, les nappes vert tendre de la discrète Lippia, ou l’odorant Eucalyptus, sont aussi sources de joie, pour peu que l’on sache les cueillir.